La Séparation des Apôtres

Charles Gleyre
(Chevilly 1806 – Paris 1874)

La Séparation des Apôtres

1845

Issu d’un milieu modeste, le Suisse Charles Gleyre débute sa formation de peintre à Lyon, au début des années 1820, puis à Paris, où il se partage entre l’Ecole des beaux-arts et l’atelier de Louis Hersent (1777-1860) à partir de 1825. A un voyage à Rome et en orient au début des années 1830, succèdent des années incertaines, puis l’immense succès du Soir (Paris, musée du Louvre), inspiré d’une vision de l’artiste en Egypte en 1835 ; si la facture de l’œuvre demeure académique, l’imagination romantique déployée par Gleyre séduit le public et les critiques, à commencer par Charles Baudelaire. Entreprise immédiatement après Le Soir, La Séparation des Apôtres est présentée au Salon de 1845. Les douze apôtres (Matthias a remplacé Judas) sont réunis au pied de la Croix, prêts à se quitter pour aller répandre la parole du Christ. Bien que le livret du Salon cite les Actes des apôtres comme source de la scène, l’épisode représenté est une invention de l’artiste. L’esprit profondément religieux de Gleyre a placé la parole (celle du Christ, mais aussi celle des apôtres) au centre de l’œuvre, choix révélateur de l’origine protestante de l’artiste. Les figures réunies autour de Pierre, qui ont donné lieu à de très nombreuses études, sont rendues de manière très humaniste. Lors de sa présentation, La Séparation des Apôtres parut exemplaire aux défenseurs d’une peinture religieuse idéale. Rompant avec l’atmosphère poétique du Soir, l’œuvre surprit néanmoins le public, suscitant cette fois l’ironie de Baudelaire. Le choix d’un sujet religieux par Gleyre trahit moins l’engagement personnel de l’artiste qu’une tentative de séduction, à une époque où le Salon fait une place d’honneur à la peinture religieuse, et où Gleyre se doit de montrer ses talents en matière de grande peinture.

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