(Conflans-sur-Loing 1803 - Paris 1874)
Vase de la Chasse
1837Ce vase est commandé à Henry de Triqueti par Adolphe Thiers, alors ministre de l’Intérieur, en 1835. Si le modèle de l’œuvre est présenté au Salon de 1836, le vase en bronze, fondu par Richard, Eck et Durand, est exposé au Salon de 1837. Le décor de sa panse repose sur un jeu d’oppositions, fréquent dans l’œuvre de Triqueti : une face illustre l’Age d’or, montrant l’harmonie entre l’homme et la nature ; l’autre face, sur laquelle figure une scène de chasse (qui donne son nom au vase), illustre l’Age d’airain. Par sa forme, son iconographie ambitieuse, et l’importance de son décor sculpté, le Vase de la Chasse s’inscrit dans le courant néo-Renaissant qui parcourt les arts décoratifs, en France, dans les années 1830 ; l’œuvre rappelle ainsi le Vase de la Renaissance que Claude Aimé Chenavard présente lors de l’exposition des Manufactures de 1832 (Fontainebleau, musée national du château). Cependant, par son refus de la polychromie, pourtant très appréciée à l’époque, Triqueti marque sa différence : cette rigueur vise à retrouver le « grand et bel art de fondre en bronze » des artistes de la Renaissance, au sujet duquel le sculpteur écrira au début des années 1860 : « plusieurs artistes vivants, et je fus de ce nombre, ont rêvé dans leur jeunesse l’espoir de le faire revivre ». Par son jeu d’oppositions, le vase de Triqueti rappelle également l’Aiguière de la Tempérance et de l’Intempérance (Paris, musée du Louvre), commandée par le duc de Luynes à l’orfèvre Wagner à la fin des années 1830, ainsi que le Vase de la Création d’Antoine Vechte (Paris, musée du Louvre), commandé en 1849 par Adolphe Thiers (achevé en 1861), et qui représente sur une face l’Age d’or, et sur l’autre face, l’Age de fer. Appartenant aux collections du Mobilier national, le Vase de la Chasse a été prêté au musée Girodet pour une durée renouvelable de cinq ans.